GRAND-GUIGNOL : projet de création 2017
Conception & mise en scène : Jérôme Marin
Livret : Jérôme Marin, librement inspiré de la pièce « Les détraquées » de Olaf et Palau (1921) - Écriture musicale : Roberto Negro Chorégraphies : François Chaignaud, Jérôme Marin, Christine Caradec Direction d'acteurs : Jérôme Marin – Conseillère artistique : Anouck Hilbey Assistanat à la mise en scène : Christine Caradec Distribution : Marie-Laure CARADEC, François CHAIGNAUD, Gaël DEPAUW, Jean-Marc EDER, Julien FANTHOU, Elizabeth MAZEV, Roberto NEGRO Le projet GRAND-GUIGNOL Maintenant que la cruauté et l'horreur s'exposent sans complexe dans les médias (de manière réelle ou fictionnelle), qu'elles se savourent dans notre salon à travers notre télévision ou notre écran d'ordinateur, qu'elles s'échangent, se mettent en scène et se numérisent grâce à internet… j'avais envie de confronter le Grand-Guignol, forme artistique disparue à l'imaginaire fort mais péjoratif, à notre monde « contemporain »… Partant des principes classiques du Grand-Guignol, où la comédie répondait au drame, et où l'on extrapolait les peurs de la société du moment, nous inventerons d'autres chemins de narration et de terreur, questionnant et plaidant pour la qualité exutoire et quasi salvatrice de ce genre du spectacle vivant : l'horreur en carton pâte plutôt que les jeux du cirque ! La peur faisant forcément naître d'autres peurs, nous construirons sur notre scène une pièce de Grand-Guignol en forme de jeu de massacre à double-fond où la poésie, à travers la danse et la musique notamment, tisseront un précieux fil d'Ariane échappatoire. Loin d'un hommage muséal fait de collages et de clichés, nous nous engagerons sur un nouveau parcours de création original emprunt du savoir-faire de cette étonnante forme artistique. Portés par une profonde exigence de recherche collaborative (notamment en écriture), construite sur un échange d'idées constant et nourri, nous inventerons ensemble cette pièce, additionnant, confrontant nos imaginaires et nos pratiques. Afin de détailler et ouvrir la dramaturgie, mais aussi donner le relief qu'impose ce genre particulier, j'ai fait appel à une équipe artistique forte, curieuse, talentueuse et décomplexée par sa propre pratique artistique. La pièce GRAND-GUIGNOL Marqué par ma rencontre avec la danse contemporaine, bercé par la musique et la chanson depuis de nombreuses années, cette traversée du Grand-Guignol ne pouvait se faire pour moi qu'en imposant à cette forme théâtrale » ces volutes artistiques et ces croisements qui me sont chers. Et en adaptant cette pièce de 1923 : « Les détraquées », de Olaf et Palau, je me suis assuré que chacune de ces ouvertures - autres que théâtrales - pourraient pleinement s'épanouir, et ainsi ne pas ne devenir de simples ornements. Même plus... puisque les rôles ont été écrits précisément pour chacun des interprètes, j'ai tenté de laisser assez de place pour leur possible gourmandise et leur envie d'exploration (que je connais). Confrontant ou épousant le genre grand-guignolesque, entremêlant ou se jouant de la comédie et du drame, la danse, la musique, le chant, le théâtre, la prestidigitation et le cabaret traverseront cette pièce, créant ainsi des parcours différents et singuliers autour de l'intrigue principale : une directrice d'établissement psychiatrique spécialisé organise le spectacle de danse annuel avec ses patients. Pour se faire, elle convie une danseuse-chorégraphe à venir l'aider. Bien vite, on découvre que, une fois réunies, les deux femmes partagent et alimentent mutuellement leurs goûts pervers et sadiques sur les patients. Par différents stratagèmes dramaturgiques : ruptures, surgissements, accumulations, suggestions (ou manipulations) - nous amènerons le public, avec une certaine poésie, et de manière plus ou moins confortable, ailleurs que dans cette simple histoire pour le questionner sur les peurs, les angoisses, les terreurs de notre époque, mais aussi sur la profonde noirceur de notre humanité, et ses malsains appétits. |
« Les oeuvres présentées au Grand-Guignol n'entendent pas seulement faire naître l'épouvante, mais surtout prouver que cette épouvante réside véritablement au sein de l'ordre social apparemment articulé. » *
Le Théâtre du Grand-Guignol Le théâtre du Grand-Guignol est une ancienne salle de spectacles parisienne qui était située 7, cité Chaptal dans le 9 ème arrondissement de Paris. Spécialisée dans les pièces mettant en scène des histoires macabres et sanguinolentes (même si à chaque pièce dramatique répondait une comédie), elle a par extension donné son nom au genre théâtral, le Grand-Guignol, et à son adjectif : grand-guignolesque. Théâtre d'épouvante et de rire, de 1896 à 1962, le Grand-Guignol a créé plus de 300 pièces aux titres plus qu'évocateurs, dont : La dernière torture, La Suicidette, l'Horrible expérience, Vitriolé !, L'Homme qui avu le diable, le Thanatographe, Le Château de la mort lente, l'Atroce volupté, L'Amant de la morte, Miss Choléra, Le Jardin des supplices, Les Coupeurs de tête… « Lorsqu'on considère le répertoire du Grand-Guignol, on est frappé de constater à quel point les notions de châtiment et d'expiation y sont fréquemment représentées – c'est que depuis les origines, elles semblent correspondre à une forme rudimentaire de bonne ordonnance naturelle et sociale. Au plus profondément, plus authentiquement, c'est la compensation sadique pour le non-accomplissement de la transgression que s'est refusée le juste conformiste et bien -pensant. »*
* Grand-Guignol de Françoise Rivière et Gabrielle Wittkop – éditions Henri Veyrier, 1979. |